jeudi 17 septembre 2009

Une contestation théocommandée ?


L'actualité de ces derniers jours se concentre autour de deux éléments majeurs.

L'engagement de l'Iran à discuter de son programme nucléaire et les éventuelles sanctions économiques qui pourraient en découler s'il s'avérait qu'il poursuive un programme nucléaire militaire. L'Iran a réitéré son refus de discuter du nucléaire mais souhaite par contre aborder des questions de politique générale mondiale avec les représentants occidentaux. Sous la pression de la Maison Blanche, une réunion entre l'Iran et les six a été fixée au 1° Octobre avec une échéance qui semble repoussée à la fin de l'année.

Le second élément majeur est la journée de demain 18 Septembre traditionnellement consacrée à célébrer la "Ville Sainte" de Jérusalem. Ce "Jour de la Sainte" célébré depuis une trentaine d'années donne lieu à des manifestations en faveur de la Palestine et contre Israël.
Depuis une quinzaine de jours, les dirigeants réformistes déclarent leur souhait d'en faire une journée de protestation contre l'oppression du gouvernement d'Ahamadinejad. Ils appellent donc la Vague Verte à de grandes manifestations pacifiques semblables à celles qui ont suivi les résultats de l'élection présidentielle en Juin et auxquelles devraient se joindre Mousavi, Karoubi et Khatami.
Contrairement aux principales cérémonies du Ramadan, cette manifestation reste non seulement autorisée mais le Guide Suprême a appelé les iraniens à y participer massivement pour manifester le soutien de la nation à la Palestine.
Rafsanjani a également appelé ses concitoyens à célébrer le "Qod Day", dans une habile déclaration où il assimile implicitement la situation de l'Iran à celle de la Palestine : une nation oppressée par un gouvernement illégitime et frauduleux, déchirée par des conflits sociaux et religieux. S'adressant aux iraniens seuls, il leur a dit : "La nuit est plus sombre avant le lever du jour".
Le suspense de la semaine, entretenu par les déclarations et les démentis habituels, aura été l'attribution ou non du sermon de demain à Rafsanjani, comme il est d'usage depuis près d'une trentaine d'années. Finalement Ahmadinejad et l'Ayatollah Hamad Khatami (à ne pas confondre avec l'ancien président réformiste Mohammad Khatami), ultra-conservateur de la ligne dure assureront la prière de vendredi.
On pourrait s'étonner de ce qui semblerait être un desserrement du totalitarisme du régime si l'on ignorait les profonds conflits qui l'agitent et le fragilisent.
En effet, le Guide Suprême est attaqué sur deux fronts : celui du camp Ahmadinejad, ses Gardiens de la Révolution et une minorité du clergé qui préféreraient ne pas s'affranchir du système de contrôle religieux du régime d'une part, et celui de la majorité du camp religieux qui se voit repoussée en touche par les premiers avec la complicité du Guide Suprême, d'autre part.
Chacun des deux camps souhaite pousser Khamenei vers la sortie, mais pour des raisons totalement opposées. Il est donc vital pour le Guide Suprême de conserver ces deux forces qui le menacent en parfait équilibre.
Les rassemblements de demain pourraient n'avoir d'autre objectif que de rééquilibrer la position contestée du Guide Suprême.
D'autre part, Ahmadinejad, son gouvernement et les médias officiels ne manqueront pas l'occasion de présenter cette célébration à l'opinion internationale comme une manifestation de soutien populaire à la politique anti-sioniste du régime.

Dans ce contexte il n'est pas assuré que la population y participe massivement, mais c'est actuellement l'unique moyen d'expression qui lui est concédé et l'unique rempart contre l'installation d'une dictature militaire, si elle parvient à en faire une manifestation de contestation sans équivoque contre les autorités.

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